Climat et conflits : un large sujet de discussion

Le groupe régional de Bâle s’est réuni il y a quelques semaines pour discuter des liens entre crise climatique et conflits armés. Résultat : une soirée entre sentiment d’impuissance et volonté de faire changer les choses. Par Magdalena Küng

Lorsqu’il est question de crise climatique, réunir une poignée de personnes autour d’une table suffit pour susciter une passionnante discussion durant toute une soirée. Pour le GSsA, la question n’est pas seulement de savoir quelles sont les meilleures solutions pour prévenir l’effondrement imminent des systèmes écologiques. Elle n’est pas uniquement celle de clarifier comment faire face aux forces bourgeoises qui, ces dernières décennies, ont systématiquement refusé de réduire leur consommation personnelle au profit de l’environnement, et, aujourd’hui, assurent que la responsabilité individuelle sera la solution magique au problème tout en rejetant le moindre changement structurel. Pour le GSsA, deux aspects importants manquent à être abordés dans les débats actuels. D’une part, la crise climatique est un risque pour la sécurité mondiale auquel aucune armée n’est en mesure de répondre. D’autre part, une politique de sécurité misant sur l’armée induit inévitablement une pollution supplémentaire de l’environnement, au lieu de participer à sa préservation.

La politique climatique fait partie de la politique de sécurité
Les côtes inondées, les sols desséchés et la rareté des ressources sont des effets secondaires du changement climatique. Elles relèvent d’un lien de causalité entre le climat, les migrations et les conflits. Dans divers milieux, cela n’est pas remis en question. Cependant, l’étape suivante, soit reconnaître que la politique de sécurité doit être définie différemment, constitue un pas que beaucoup peinent à franchir. Les politiques de sécurité sont encore et toujours misent en œuvre de manière réactive plutôt que préventive. Pour s’en donner une idée, comparons les chiffres de quelques budgets. L’institut de recherche sur la paix SIPRI a calculé, par exemple, que les dépenses pour l’armement militaire s’élevaient à 1822 milliards de dollars en 2018. De son côté, la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) prévoit un budget de 161 millions d’euros pour les années 2020-2021. Ces chiffres ne sont, en soi, pas directement comparables, car les plans financiers nationaux en matière de climat doivent être ajoutés au budget de la CCNUCC. Cette dernière est cependant, ni plus ni moins, chargée de soutenir les États membres dans la mise en œuvre des objectifs climatiques et d’apporter « the global response to the threat of climate change », comme l’indique son site internet. Son efficacité dépend donc directement des fonds dont elle dispose. Le fait que l’orientation de la politique de sécurité soit erronée n’est malheureusement qu’un aspect du problème. Les 1822 milliards consacrés à l’armement et à l’équipement militaire financent l’une des industries les plus sales qui soit, également en termes d’impact environnemental. Les politicien-ne-s ignorent le fait que le changement climatique entraîne des problèmes urgents en matière de sécurité qui sont eux-mêmes amplifiés par la politique sécuritaire actuelle, aussi longtemps qu’aucun pays au monde ne mettra un frein à la course internationale aux armements.
Le groupe régional a également parlé, si ce n’est que brièvement, de la manière dont on peut se mobiliser en faveur du climat et d’une politique de sécurité durable compte tenu de la complexité du système et d’échéances toujours plus courtes. Tou-te-s s’accordaient sur un point : ne rien faire n’est pas une alternative.

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