Imposer à nouveau l’examen de conscience pour renforcer l’armée

Une initiative parlementaire a pour but de
refaire l’examen de conscience ; une étape
obligatoire pour pouvoir se diriger vers un
service civil.
Par Magdalena Küng

Fin septembre 2017, le conseiller national Hans-Ueli Vogt (UDC) a déposé une initiative dont le but est très clairement de glorifier le service militaire en soumettant la Confédération, l’économie et la société à la primauté de l’armée et en critiquant le droit des personnes appelées à servir d’opter pour un service civil. Au lieu de cela, il aimerait réintroduire l’examen de conscience, qui avait été remplacé par la preuve par l’acte (être prêt à servir 1.5 fois plus longtemps) en 2009. Il justifie sa proposition par les changements dans la situation sécuritaire en Europe (notamment le terrorisme, les cyberattaques et les conflits sociaux) ainsi que par les engagements subsidiaires pour lesquels l’armée manque de soldats. Or, ni le Rapport sur la politique de sécurité publié en 2016 par Conseil Fédéral, ni d’autres études ne confirment que l’armée souffrirait d’un manque d’effectifs. Par ailleurs, les dangers dont Vogt fait mention ne peuvent pas être éliminés par des interventions militaires classiques…
Puisqu’il est plus simple de se créer un ennemi plutôt que d’adapter le concept obsolète de l’armée à la réalité, l’UDC présente le service civil comme étant à l’origine de tous les maux. Ceux qui désirent quitter le service militaire pour le service civil devraient selon M. Vogt prouver qu’ils sont dans l’impossibilité de concilier le service militaire avec leur conscience, ce qui serait (à nouveau) difficile à démontrer. De plus, la raison pour laquelle il faudrait forcer des jeunes hommes à effectuer un service qui n’a aucun sens pour eux est difficilement compréhensible. Des années après l’école de recrue, le service civil reste pour beaucoup de militaires une issue importante lorsqu’ils ne parviennent pas ou plus à concilier l’apprentissage de la guerre avec leur conscience. La réintroduction de l’examen de conscience ne parviendra pas à donner à l’armée une raison valable d’exister… Il est grand temps que l’UDC comprenne cela !

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