Le Conseil fédéral contre les droits humains

Le 14 septembre 2018, le Conseil fédéral a sans grande surprise rejeté notre initiative « Pour une interdiction du financement des producteurs de matériel de guerre ».
Par Muriel Waeger

Depuis l’arrivée d’Ignazio Cassis au Conseil fédéral, une tendance toujours plus favorable
à l’économie, au détriment des droits humains, se confirme. Ainsi notre initiative a été rejetée, sans contre-projet, car elle restreindrait trop la capacité d’action de la Banque nationale suisse et ferait prendre des risques plus élevés aux caisses de pension.
En véritable amateur, le Conseil fédéral a préféré souligner le système de contrôle apparemment
efficace des exportations suisses de matériel de guerre, plutôt que d’empêcher que de l’argent suisse ne soit investi dans de l’armement nucléaire, chimique ou autre. Hormis le fait que les mois et années passées ont clairement démontré un net dysfonctionnement des contrôles, la question des exportations de matériel de guerre n’a rien à voir avec l’initiative, relative au financement des producteurs de matériel de guerre.
Nous aurions au moins souhaité que le Conseil fédéral ouvre le débat sur le texte de l’initiative
et qu’il comprenne la problématique. En l’absence d’un contre-projet, nous avons toutefois
de bonnes chances de convaincre la population suisse que les placements dans des secteurs
plus éthiques ne vont pas faire fermer les portes de nos caisses de pension. Plusieurs très
grandes caisses de pension ont d’ailleurs déjà fait le premier pas. Par souci éthique mais aussi
de transparence envers leurs pensionné-e-s, les caisses de pension des villes de Zurich et de
Lucerne, du canton de Genève, ainsi que la caisse de prévoyance de la Confédération, Publica,
ont préféré retirer les investissements dans le matériel de guerre prohibé de leurs portefeuilles d’actions. Elles ont ainsi démontré que leur survie ne repose pas sur le sacrifice
de vies humaines.
Nous sommes certain-e-s que la population suisse sera plus encline que le Conseil fédéral
à débattre du sujet et qu’un oui clair dans les urnes conduira la Banque nationale à suivre
l’exemple de Publica !

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