Les milliards suisses qui anéantissent des existences

15,3 milliards de dollars, c’est le montant total que les institutions financières suisses investissent et prêtent aux producteurs de matériel de guerre, selon une étude de Profundo. Ce chiffre suffit à lui seul à démontrer la nécessité de l’initiative contre le commerce de guerre. Mais l’étude nous donne encore bien plus de raisons de voter OUI à l’initiative. Tour d’horizon.

Que ce soit par des prêts, des souscriptions ou encore par le placement d’argent dans des fonds dans lesquels figurent des titres de producteurs de matériel de guerres, ce ne sont pas moins de 15,3 milliards de dollars issus des institutions financières suisses qui parviennent à l’industrie internationale de l’armement. Sans surprise, les principales institutions financières participant à ce financement sont l’UBS (6,21 milliards), Crédit Suisse (5,16 milliards) et la Banque nationale suisse (1,96 milliards). Quant aux entreprises bénéficiant de ces milliards, le quatuor de tête est composé de Raytheon, Honeywell, Boeing et Lockheed Martin, soit toutes des entreprises productrices d’armements nucléaires.

L’ampleur de ce financement s’explique clairement lorsqu’on se penche sur la politique d’investissement d’UBS, Crédit Suisse et de la Banque nationale suisse. L’analyse de Profundo porte sur 16 critères précis concernant aussi bien les questions de transparence que l’exclusion des investissements dans les différentes catégories d’armes prohibées au niveau international ou encore l’exclusion des investissements dans les entreprises participant à un commerce d’armes controversé. Le résultat est sans appel : avec une note de 3,8 sur 10 pour la BNS et une note de 3,1 sur 10 pour UBS et Crédit Suisse, leur politique d’investissement en la matière est considérée comme respectivement « insuffisante» et « hautement insuffisante ».

Il convient ensuite de traiter la question du financement direct. En effet, il ressort de l’étude que le Crédit Suisse et UBS ont accordé des prêts de respectivement 1,4 milliards et 600 millions à des entreprises productrices de matériel de guerre. Jusque-là rien de surprenant. Toutefois, si on regarde les données d’un peu plus près, on s’aperçoit que des entreprises productrices d’armes prohibées au niveau international tels que Raytheon, Boeing ou encore Northrop Grumman figurent dans la liste des bénéficiaires de ces crédits. Or, l’art.8b de la loi sur le matériel de guerre est clair : « Il est interdit de financer directement le développement, la fabrication ou l’acquisition de matériels de guerre prohibés. » précisant ensuite qu’« [e]st considéré comme financement direct au sens de la présente loi l’octroi direct de crédits, de prêts (…) » (art.8b al.2 LFMG). Rien qu’en regardant les chiffres des investissements suisses dans le domaines de l’armement, les déclarations de Guy Parmelin du type « il est faux d’arguer que l’interdiction de financement qui existe actuellement dans la loi sur le matériel de guerre est trop faible. », nous donnaient envie de sourire amèrement. Mais de là à penser que cette interdiction extrêmement faible, n’était même pas respectée…

Enfin, il est important de noter qu’aucune des institutions financières suisses analysées dans l’étude n’investit dans les quatre grandes entreprises d’armement suisses : Ruag, Pilatus, Rheinmetall Air Defence et Mowag. On est donc bien loin des discours alarmistes de nos adversaires qui prédisent – en cas d’acceptation de notre initiative – une catastrophe économique et la mort de ces entreprises, licenciements à la clef. L’étude de Profundo montre donc – chiffres à l’appui – que : oui, l’argent suisse tue ; non, le cadre légal actuel n’est pas suffisant ; non, cette initiative n’aura pas un impact catastrophique sur l’économie suisse. Bref, autant de raisons de voter et de faire voter OUI à l’initiative contre le commerce de guerre le 29 novembre !

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