Manquant de courage, le Conseil fédéral refuse de reconnaître la volonté de la population

Le Conseil fédéral rejette l’initiative contre le commerce de guerre sans faire de contre-projet. Il ignore non seulement la nécessité de repenser les investissements financiers mais également la réticence évidente de la population à laisser son argent financer des industries meurtrières via les caisses de pension.

L’initiative contre le commerce de guerre, déposée l’été dernier par le Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA), les Jeunes Vert-e-s et plus de quarante autres organisations après seulement quinze mois de collecte, a été rejetée vendredi dernier par le Conseil fédéral qui n’a pas présenté de contre-projet.

L’initiative exige que la Banque nationale suisse (BNS) et les institutions de prévoyance publique et professionnelle interdisent toute forme de financement des producteurs de matériel de guerre.

En rejetant cette initiative, le Conseil fédéral laisse passer une occasion unique de renforcer le droit de la population de  faire des choix dans ce domaine et d’assumer la responsabilité qui incombe à la Suisse en tant que l’une des plus grandes places financières au monde. Les derniers chiffres de la US Securities and Exchange Commission sur le marché américain montrent qu’il ne s’agit pas de transactions financières théoriques : en 2019, la BNS a déjà investi plus de 2 milliards de dollars dans des producteurs d’armes américains.

Des fonds ont également été versés à des sociétés telles que Boeing ou Honeywell International, qui produisent des armes nucléaires.  « Il est décevant que le Conseil fédéral revienne vers les initiant-e-s sans même proposer de contre-projet» déclare le secrétaire du GSsA, Thomas Bruchez. « L’exigence d’investissements durables est soutenue par un large public. Le débat actuel sur les investissements dans les énergies fossiles en est le reflet. L’initiative sur le commerce de guerre ouvre la porte à une réglementation plus stricte dans d’autres domaines ». Luzian Franzini, co-président des Jeunes Verts, partage cette conviction : « Depuis que nous avons lancé cette initiative, de nombreux fonds de pension ont cessé d’investir dans l’armement, ce qui démontre que ces financements n’ont rien de nécessaire.»

Les gens ne sont plus prêts à ce que leurs fonds de pension soient investis contre leurs convictions éthiques. Une réglementation dans la législation est superflue depuis longtemps. « La décision du Conseil fédéral manque de courage », déclare Bruchez, « mais nous sommes optimistes sur le fait que la population corrigera cette décision erronée dans les urnes »

Les caisses de pension suivantes ont ajusté leur stratégie d’investissement et n’investissent plus dans le commerce de guerre: