Introduction de Paolo Gilardi, GSsA - Genève
Chères amies, chers amis,
il y a tout juste une année, lors de notre assemblée générale de novembre 96, notre ami Adrian Schmid nous disait "seit 89, hat das EMD gelernt". Il nous le répétait il y a quelques jours seulement en ajoutant qu'en 1989 le tabou avait été brisé, la vache sacrée immolée.
Adrian est parmi nous aujourd'hui ; ses amis ont choisi de ne pas l'ètre. J'ai pourtant envie de leur répondre "genau, das EMD hat gelernt", oui, le Département militaire fédéral a compris, oui, la vache sacrée a été immolée.
Oui, le tabou de l'armée suisse telle qu'elle existait encore en 1989 est tombé. Plus personne aujourd'hui, ne pourrait prendre la défense de cette armée. De cette armée qui avec plus de 600'000 hommes nous plaçait, nous les helvètes, parmi les peuples les plus armés du monde.
Plus personne, à part peut-ètre le vieillissant Monsieur Chevallaz, ne peut sérieusement prétendre aujourd'hui que c'est elle qui sauva nos parents de la terreur nazie. Et plus personne non plus ne miserait quatre sous sur la capacité de cette armée de garantir la paix et la sécurité.
Personne, mème pas Monsieur Ogi, n'oserait prétendre aujourd'hui que "la Suisse n'a pas d'armée, la Suisse est une armée".
Oui Adrian, je suis d'accord avec toi, le DMF et avec lui tout le gouvernement, ont compris, à travers de multiples convulsions, les conclusions qui étaient les notres bien avant 1989. Oui, ce que nous avons fait alors a été grand. Grand mais pas suffisant. Pas suffisant parce que, après avoir détruit le mythe, nous ne l'avons pas encore remplacé par une autre politique.
Malheureusement, après notre défaite de juin 1993, ce que nous avions fait de grand est devenu le socle sur lequel le DMF a pu construire celle qui se dessine comme la nouvelle armée. Oui, le DMF aussi, a su faire sa révolution culturelle. Cependant, celle qu'il a fait n'est pas celle que nous voulions. Ainsi, deux ans peine après l'entrée en vigueur d'Armée 95, c'est une petite armée fortement professionnalisée qu'on est en train de nous préparer. C'est une armée qui pourra participer un jour à de vraies opérations de guerre. Sous le couvert de l'humanitaire, c'est une pièce du dispositif international de contrôle du monde que nous préparent les commissions qui travaillent à la prochaine réforme de l'armée. Et, ainsi, au nom de la "solidarité", peut-ètre mème de la "charité", c'est le légionnaire remplacera l'inutile fusilier de montagne que nous avons combattu jadis.
Certes, cette nouvelle armée n'est pas encore achevée. Pourtant, les temps s'accélèrent. Et elle dispose, aujourd'hui déjà, d'une bonne partie de l'arsenal nécessaire, matériel, idéologique et institutionnel. Avec les avions de combat achetés malgré nous elle dispose déjà des outils pour participer à des opérations de guerre en dehors des frontières. Elle le pourra d'autant plus que, mème les militaires les plus orthodoxes renoncent désormais à l'idée qui fut leur raison d'exister, la neutralité.
Elle le peut déjà aujourd'hui puisque la Suisse est désormais membre associé de la seule Alliance militaire existante, l'OTAN, par le biais du prétendu "partenariat pour la paix". Enfin, le DMF ne veut plus de l'armée de milice comme école de la nation. Il n'en a plus besoin, puisque avec l'inscription dans la loi des nouvelles tâches de police de l'armée, c'est à un petit corps de soldats semi-professionnel qu'il confie la politique d'asile, le maintien de l'ordre public et la répression de toute contestation, bref, le contrôle de la population.
Chères amies, chers amis, c'est pour empècher que des cendres de la vache immolée en 1989 naisse un monstre bien plus dangereux qu'aujourd'hui nous n'avons pas le choix : nos initiatives doivent ètre lancées. Parce que le choix n'est pas entre une Suisse repliée sur elle mème, celle de M. Blocher et une autre ouverte au monde extérieur qui serait celle de M. Ogi: il est entre la participation à des actions de guerre et un avenir démilitarisé. C'est pour celui-ci qu'il y a quinze ans nous avons fondé le GSsA, c'est pour lui que nous continuons d'agir.
Finalement, c'est l'ampleur de dette tâche qui compte face aux petites polémiques de ceux qui prétendent que l'on empèche par notre initiative l'exécution des missions de paix dans les situations de guerre. Ces prétendues missions de paix, dont on pourra continuer à discuter aussi après l'acceptation de l'initiative ne peuvent en aucun cas servir de prétexte pour le maintien d'une machine de guerre qui n'a rien à voir ni avec la solidarité et encore moins avec la paix.
Paolo Gilardi, GSsA Genève
Groupe pour une Suisse sans Armée (GSsA) Email: gssa@iprolink.ch
CP 151 - 1211 Genève 8. CCP 12-11508-2. http://www.gsoa.ch/gssa
Tel: 41 (0)22 320 46 76 Fax: 41 (0)22 320 45 67